Comme on pouvait s'y attendre avec Spike Jonze, Adaptation est un film brillamment foutraque.
Le point de départ c'est le tournage de "Dans la peau de John Malkovitch", avec dans un coin le scénariste Charlie Kaufman.
Ensuite ça part dans tous les sens, tout en restant cohérent sans jamais donner le sentiment de la moindre difficulté. Une sorte de tricot compliqué et réussi.
Il faut dire que Jonze a pariculièrement choisi ses comédiens et que ceux-ci font dans le grand art.
Susan Orlean aka Meryl Streep, journaliste du New-Yorker, épouse parfaite, journaliste au top, qui se transforme petit à petit de façon moyennement reluisante.
Streep, excellente dans ce rôle, où quoiqu'il arrive elle reste la new-yorkaise élégante et cultivée.
Nicola Cage ensuite, toujours bon (oui, il y a un léger parti-pris) dans ce double-rôle des jumeaux qui se partagent qualités et défauts.
Le premier est un brillant scénariste complétement coincé, le second ne fait pas grand-chose de sa vie mais tombe les filles sans complexe.
Jusqu'au jour où celui-ci décide d'avoir aussi sa part de gâteau en tant que brillant scénariste...
John Laroche (Chris Cooper, bien mérité Oscar pour un second rôle) enfin, le sauvage, l'illuminé qui se considère comme "l'homme le plus intelligent qu'il ait rencontré".
Mais on apprendra qu'il a quelques raisons d'avoir pété les plombs et qu'il est effectivement plutôt intelligent.
En fait tout cela est totalement impossible à raconter. Les personnages se renvoient(à)leur destin respectif. Le scénario joue sur l'effet Vache qui rit (d'aucuns appellent ça la mise en abyme), c'est à dire le scénario dans le scénario.
Les niveaux de lecture sont nombreux, complexes. Mais tout ceci reste sur un mode ludique, enlevé, où on ne s'ennuie jamais.
Trés bel exercice de style. Rien de plus rien de moins.