- La cité de Dieu -
Réalisation : Fernando Meilleres

Distribution : Alexandre Rodrigues (Fusée) - Seu Jorge (Manu Tombeur) -
Matheus Nactergaele (Carotte) - Leandro Firmino de Hora (Petit Zé)






La cité de Dieu c'est une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, une de celles où les lois de la jungle ont depuis belle lurette supplanté les lois humaines. Sur un mode narratif très bien construit, le film (adapté du récit de Paulo Lins, lui-même enfant de la Cité de Dieu) remonte le temps des années 60 aux années 90, en suivant Fusée, un des gosses de la favela qui a deux mérites exceptionnels : rester en vie et devenir photographe.
Autour de Fusée, gravitent tous les autres, ceux qui dès le plus jeune âge "bossent" dans le traffic de drogue et voient les balles pleuvoir de tous cotés. Deux gangs émergent : celui de Petit Zé qui passe de chef de bande à psychopathe vs celui de Carotte. La dynamique est toujours la même. Braquer une banque, un commerce pour voler de l'argent, acheter des armes, braquer des revendeurs de came, acheter des armes, dealer sur une échelle de plus en plus large, acheter des armes : une sorte de Monopoly réel et sanglant dont le but est d'obtenir le contrôle de la favela.
C'est un monde clos. Ses habitants ne doivent pas plus en sortir que quiconque y entrer. Les journaux eux-mêmes sont des journaux cariocas. La police y fait quelques incursions, soit quand ça chauffe vraiment trop, soit pour empocher sa part.

Pas une minute du film n'échappe à une violence effroyable. C'est l'intelligence du montage et de la bande-son de rendre tout cela "supportable", de créer une distance qui fait qu'on peut continuer à regarder, tout en sachant aussi qu'il ne s'agit pas de fiction mais de la vie de milliers de gens. Une voix-off, celle de Fusée qui raconte cette vie, comme si elle était normale. Ou plutôt comme la vie normale, puisqu'il n'y en a pas d'autre possible.
C'est objectivement un film terrifiant : l'humanité dans sa déchéance implacable. C'est aussi un film très intéressant sur un plan formel qui a réussi la gageure d'avoir rendu cela visible, audible, accessible ; avec une réserve sur la partie finale : celle consacrée à la guerre des gangs, moins intéressante, moins distanciée.

Le site du film

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