- Gangs of New-York -
Réalisation : Martin Scorsese

Distribution : Daniel Day-Lewis (William Cutting), Leonardo Di Caprio (Amsterdam Vallon), Cameron Diaz (Jenny Everdeane)



Etant donné le manque d'enthousiasme des critiques au sujet de Gang of New-York, décider d'aller le voir ou pas relevait quasiment du cas de conscience, d'autant plus que 3h de mauvais film ce n'est pas rien à digérer.
Puis, une RTT aidant, mon amour quasi-inconditionnel de l'œuvre de Scorsese a fait pencher la balance. Je ne pouvais ni louper un Scorsese ni faire ça à mon real préféré.

L'acclimatation fut un peu rude, car les western gore ne sont pas my cup of gin. Or la scène de bataille d'ouverture ne fait pas spécialement dans la dentelle. La dimension esthétique est bien sûr là, mais la dimension boucherie aussi.
Et l'histoire avançant, les personnages prenant de l'épaisseur, la mayonnaise a pris. Les thèmes chers à Martin Scorsese sont tous là : la rédemption, les hommes d'honneur, la filiation, la mince différence entre les deux camps, le temps qui passe, le temps passé, les traditions qui disparaissent, la religion…

Le prêtre Vallon est en 1846 le meneur des Lapins-morts, une tribu d'Irlandais qui veulent un territoire dans NYC ; William Cutting aka Bill le Boucher est lui, le chef des Natives, protestants installés et pas décidés à céder du terrain. Une énorme et virile bagarre à coups de hache, lance et autres délicats instruments opposent les deux camps. C'est Vallon qui tombe, sous les yeux de son fils, Amsterdam (un gamin qui ressemble à Tom Cruise !). 16 ans plus tard Amsterdam revient en ayant appris la vie dans une maison de redressement et décidé à venger son père.
Mais ce n'est pas si simple, car finalement qu'est-ce qui sépare Bill Le Boucher de Vallon ? Si peu de choses qu'Amsterdam, qui a réussi à devenir le bras-droit de Cutting, ne peut qu'être légitimement attaché à celui qui le considère comme son fils, faute d'en avoir eu un. A tel point que Cutting tuera celui qui a trahi Amsterdam pour le sauver lui.
Evidemment, Bill tient à mourir des mains de ce fils, pour que les règles du jeu soient respectées, que les hommes restent des hommes d'honneur, et que les fils marchent dans les pas des pères. Mais il tient aussi à mourir en brave, après s'être battu comme un lion, et afin que la victoire du fils en soit une vraie.

Cette histoire scorsesienne s'inscrit sur l'arrière-plan de la "réalité historique" (un peu arrangée) de New-York, de la conscription qu'on évite pour 300$, des nègres qu'on pourchasse, des rivalités à mort entre les tribus, de la démocratie qui commence à naître et pour laquelle on truque déjà des votes… Le résultat est une grande fresque où on s'ennuie un peu parfois alors que paradoxalement il n'y a finalement pas de temps mort, avec un Daniel Day-Lewis époustouflant, face auquel, il faut bien le dire, Di Caprio n'est pas tout à fait à la hauteur, et c'est dommage car ça aurait rendu la confrontation des deux personnages principaux encore plus forte. Le personnage de Cameron Diaz est un peu en-dessous de ce qu'il aurait du être , oscillant entre amazone indomptable et amante éperdue sans vraiment trouver le "la".
La fin est sans intérêt mais ce n'est pas si grave, là n'est pas le film.

D'aucuns ont pu y voir un film de trop. S'il n'y avait que des films de trop de cette trempe, le cinéma se porterait plutôt bien. J'y vois, comme toujours chez Scorcese, cette dialectique fascinante entre l'extrême violence et la rédemption, entre la souffrance et le salut, et ce avec une maestria dans la mise en scène qui reste -aussi- sa marque de fabrique.


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