Si vous ne voulez pas passer pour un bouseux il faut d'une part prononcer Rapone, d'autre part adooorer ce film.
Il fait en effet partie de ces machins qui apparaissent de temps à autre et qui enflamment le PCF (paysage cinématographique français)
C'est un premier film d'un réalisateur mexicain de 30 ans ex-spécialiste de droit international, déjà encensé par la critique et caméra-doré à Cannes.
Un homme dans la quarantaine, sort de la ville pour aller en claudiquant, vers le trou du cul du monde, un patelin où il a passé un peu de son enfance. On ne saura jamais pour qui pour quoi il a décidé d'en finir avec la vie et porte comme tout bagage un pistolet et un livre d'art.
Il est hébergé par une dame âgée qui vit seule à l'écart du village. Et peu à peu, on ne sait finalement pas plus pourquoi, le type reprend goût à la vie, à la vie organique présente tout au long du film (la chasse, le cochon égorgé, les hommes qui boivent comme des trous…) à tel point qu'à la veille de son départ, il demande à la femme d'avoir des rapports sexuels. Là est censé se passer le miracle du film : ce retour à la vie grâce à la bonté de cette femme pourtant si peu désirable. Oui mais voilà ! Il ne s'agit jamais de la vie dans sa composante supérieurement humaine : la partie divine de la vie. Il s'agit toujours de la vie dans sa composante la plus bestiale. Si le type couche avec cette femme c'est exactement comme il se serait fait une chèvre, rien de plus humain. L'univers des hommes est indécrottablement bestial, lâche. Seules la vieille femme et son amie (les deux seules femmes du film) semblent pourvues d'humanité.
Alors à quoi bon ? C'est bien la question. Certes on voit des mouvements de caméra aussi grandioses que les canyons, certes le temps se dilue (ô combien !) comme dans cette vie de village. Mais dans la mesure où on ne sait jamais rien des personnages ni de leurs motivations, il n'y a pas d'adhésion possible. Le spectacle reste spectacle. Le dernier interminable plan clôt parfaitement le film. Pourquoi tant de temps pour montrer ce qu'on sait déjà par le plan précédent et qu'on devinait depuis un moment ?
Certes il ne s'agit pas d'une production déjà vue. Certes il y a des plans et un parti-pris intéressants. Mais ça ne suffit pas pour en faire un grand film.