Joao Cesar Monteiro est mort le lendemain de ses 64 ans. Ca ne change pas la face du monde, ça la rend juste un peu plus sombre, un peu moins poétique.
Monteiro était un réalisateur de films portugais, largement givré, qui a commis le pire comme le meilleur.
Depuis Souvenirs de la Maison jaune (Lion d'argent à Venise en 89), il avait son double de pellicule en la personne de Joao de Deus (Jean de Dieu) qu'il incarnait de sa silhouette efflanquée.
Il avait aussi acquis avec ce film, une certaine notoriété. Disons qu'un certain nombre d'illuminés étaient devenus ses inconditionnels.
Certains films de Monteiro sont insupportables. Le "pire", c'est peut-être Blanche Neige qui fit scandale en 2000 au Portugal car présentant une heure d'écran noir.
D'autres sont des bijoux : La Comédie de Dieu en premier lieu. Un miracle permanent de surréalisme, d'humour, de saudade, d'inventivité.
Avec la Comédie, Monteiro avait obtenu une reconnaissance réelle puisqu'il avait eu le Grand prix de la critique au Festival de Cannes en 95.
En fait, Jean de Dieu c'est une partie de notre "ombre" (au sens Jungien du terme) : c'est le sexe comme obsession affichée,
c'est la navigation entre l'asile et le monde "normal", c'est le blasphème, c'est le baroque, c'est l'élégance, c'est tout ce que nous n'osons pas ou ne savons pas être.
Monteiro était réellement unique, incopié, incopiable. Un goût de la provocation que les deux récompenses citées n'ont surtout pas arrêté, bien au contraire. Allié à une grâce totale, ça donnait un mélange d'un charme inouï.
Monsieur Monteiro, que vous soyez en enfer (ils en sont bien capables) ou au paradis, nous vous souhaitons de délicieuses nymphettes et des amis aussi cultivés que vous.
Monsieur Paulo Branco, nous partageons votre tristesse et vous remercions infiniment d'avoir produit les films de votre ami Joao Cesar Monteiro.